30.06 - Potosi

Publié le par DeseoEtico


Pour commencer notre visite de la Bolivie, cap au Sud vers une charmante bourgade minière nommée Potosi.
Une dizaine d'heures de bus suffisent, l'arrivée dans la ville est prévue vers 5h30-6h du matin selon les dires de l'agence. Cette fois on se fait pas arnaquer sur les subtilités entre bus semi-cama (siège inclinable mais pas trop), bus cama (siège-lit) et bus normal (siège spartiate) et on a donc pour la modique somme de 40 Bolivianos, soit 4 euros, un billet en bus semi-cama pour Potosi qui était vendu au départ comme un bus cama, donc deux fois plus cher, mais devant notre expérience des trajets en bus (faut bien que ça serve à qqch de passer autant de temps dedans) les prix sont revenus à la hauteur de la prestation.
Tout fier d'avoir pu détourner une arnaque, on part confiant.
À l'heure du départ on s'aperçoit qu'on est les seuls gringos du bus. Les soutes sont déjà pleines à craquer et il faut deux gars pour pousser sur la porte des soutes pour qu'elles ferment...
On va garder nos gros sacs avec nous, on a compris... 
On se faufilent jusqu'à nos places en évitant les sacs de patates et autres légumes des Cholitas qui trimballent leur maison à chaque déplacement.
Bon, on passera sur le fait que le chauffage ne marche pas, les duvets ne sont pas loin.
Par contre, la surprise est totale lorsqu'on nous annonce qu'on est arrivé à Potosi. On est un peu pommé dans une petite rue, ne sachant trop comment faire. On a pas réserver d'hôtels, on sait pas où est le centre ville, ni comment y aller. On se dit qu'il est un peu tôt quand même.
On rejoint le terminal de bus où sont stationnés des taxis.

Faisant confiance à la race humaine (on n'a pas trop le choix en fait) on monte dans un taxi pour le centre ville. L'horloge du taxi fonctionne correctement? ah oui. Bon ben il est 3h42 alors...
En arrivant à l'hôtel non réservé personne ne nous ouvre...
Heureusement un autre voyageur arrive, et connait un autre endroit. Notre chauffeur de taxi, qui s'avère être très gentil, nous emmène jusqu'à un deuxième hôtel où là quelqu'un nous ouvre. On est content de trouver un lit pour vraiment dormir.

On découvre Potosi après une bonne grosse fin de nuit. Patrimoine Mondial de l'Humanité, s'il vous plaît.
L'attrait de cette ville est que la montagne est toujours exploitée pour en extraire l'argent, l'étain et... le Zinc. Ca fait 500 ans que des boliviens y travaillent et surtout y laissent leur peau. Une histoire locale raconte que l'on pourrait relier Potosi à Barcelone en mettant bout-à-bout les morts de la mine...
La visite de la mine est impressionnante car elle est encore en activité, la montagne est un vrai gruyère.
On croise des gens au travail pendant la visite. L'appellation 'technologique' est réservée aux mines qui utilisent un chariot pour sortir le minerai... Les autres utilisent des brouettes...
Les conditions sont terribles et les croyances omniprésentes. Les travailleurs mâchent des feuilles de coca toute la journée pour ne pas sentir la faim et la fatigue, ils vénèrent chaque jour 'El Tio', le dieu de la mine, ou plutôt le démon qui prend les âmes des mineurs. El Tio est le mari de la 'Pachamama', la Terre Mère. Une autre histoire raconte que dans une mine où les rendements sont exceptionnels, un mineur meurt chaque semaine. C'est la loi de El Tio, qui te donne du minerai mais en compensation prend les vies des mineurs. L'espérance de vie d'un mineur est de 45 ans.

Bref, une expérience assez bouleversante, une prise de conscience des conditions de vie déplorables de ces mineurs qui doivent eux-mêmes acheter leur matériel de travail, c'est-à-dire marteau, gants, casques, dynamite, mèches et autres accessoires.
Le marché des mineurs est un lieu où on peut acheter de la dynamite en vente libre... (même en Corse c'est pas possible!)
L'histoire de la mine, c'est l'histoire de la ville qui a été une source d'enrichissement colossal pour les espagnols. Il subsiste encore la démarcation entre le quartier espagnol, aujourd'hui centre historique, et le quartier indigène mais elle n'est qu'historique.
Potosi possèdait un énorme atelier pour frapper la monnaie en argent, reconverti en musée de la monnaie. Aujourd'hui, la monnaie bolivienne est fabriquée au Chili...
Finalement, cette ville nous a beaucoup plu grâce notamment à un petit guide local, véritable coup de coeur de notre halte, qui nous a fait découvrir le vrai côté de Potosi, ses histoires plus ou moins légendaires, sa passion pour sa ville, son oeil critique parfois déstabilisant. C'est toujours intéressant de croiser une personne avec autant d'esprit critique, de vision objective des conditions de vie locales, de connaissances, de culture générale. Quand on lui demande où il a appris tout ça, il nous répond que la journée il travaillait et que la nuit il lisait des livres et des livres... Chapeau à Antonio, ce petit bonhomme, mais un grand Monsieur. A recommander absolument sans hésitation à quiconque allant à Potosi.

 

Retrouvez les autres photos de Potosi sur l'album de Potosi

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